Les injections de toxine botulique et vos yeux :
quelles conséquences ?
Vous avez peut-être lu des articles sur les injections de toxine dans des publicités, des magazines ou sur internet, ou vous en avez entendu parler par vos amis. Mais il existe de nombreuses idées reçues sur ce traitement et sur la façon dont on s’en sert. La toxine botulique a été utilisée pour la première fois en 1978 pour affaiblir les muscles trop actifs de l’œil, puis pour d’autres affections neurologiques, avec de bons résultats et peu d’effets secondaires. Son utilisation à des fins cosmétiques remontent aux années 90, pour réduire les rides du visage dues à la contraction des muscles. Cet article vise à vous informer et vous aider à comprendre à quoi sert la toxine, comment elle est utilisée et quels en sont les risques, en particulier pour votre vue. Nous vous conseillons quoi qu’il en soit, si vous considérez d’y requérir, de consulter un médecin.
Qu’est-ce que la toxine botulique ?
La toxine botulique est utilisée à trois fins principales :
Le contrôle des spasmes musculaires
La transpiration excessive au niveau des aisselles
L’amélioration esthétique : cette troisième utilisation est réalisée avec un produit qui contient de la toxine botulique de type A (une substance toxique émise par une bactérie responsable du botulisme, une infection souvent d’origine alimentaire), de l’albumine humaine (une protéine présente dans le plasma sanguin humain) et du chlorure de sodium.
A quoi sert la toxine botulique dans le cadre d’une utilisation médicale ?
La toxine botulique est également utilisée pour traiter les problèmes des muscles oculaires (strabisme), les paralysies oculomotrices et les spasmes incontrôlés des paupières (blépharospasme). Injecter de la toxine botulique dans les muscles responsables des mouvements des yeux peut permettre de remplacer la chirurgie dans les cas de strabisme précoce, ou d’améliorer le confort ou l’esthétique du patient dans l’attente de l’opération. Il a été mis au point pour ces utilisations en tenant compte de la sécurité du produit et du peu d'effets secondaires. Son utilisation n’est pas spécifiée dans l’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour des enfants de moins de 12 ans, mais plusieurs publications scientifiques témoignent de son efficacité. Il est néanmoins important de retenir qu’il ne s’agit pas d’une méthode permettant de corriger la vue, et qu’en tant que tel, elle ne remplace pas le port de lunettes. Elle permet en revanche de diminuer ou faire disparaître la déviation de l’œil, de façon temporaire ou définitive, dans les cas où elle persisterait malgré un traitement médical bien conduit. Plusieurs injections peuvent être nécessaires. L’injection se fait au bloc opératoire, sous anesthésie locale ou générale. Les effets sur la déviation sont apparents en quelques jours et la sortie peut avoir lieu le jour même. Dans les jours qui suivent, des effets secondaires peuvent advenir :
Strabisme secondaire
Ptosis (chute de la paupière)
Plus rarement, une dilatation de la pupille appelée mydriase.
Ces effets secondaires disparaissent en général en quelques jours à deux mois.
Comment utilise-t-on la toxine botulique à des fins cosmétiques ?
La toxine botulique à visée cosmétique est utilisée pour lisser temporairement les « rides », il peut s’agir des rides du lion, qui sont les rides situées entre vos sourcils et qui peuvent vous donner un air fatigué, malheureux ou en colère. Il est souvent utilisé pour les rides horizontales du front, les pattes d’oie (rides au niveau du contour des yeux), les rides aux coins de la bouche et les ridules du fumeur autour des lèvres. Il est impératif de ne pas confondre la toxine botulique avec les produits de comblement injectables. Les produits de comblement agissent différemment, en repoussant les tissus de manière à atténuer ou à faire disparaître les rides et les ridules. Une ride de la peau se forme généralement perpendiculairement à un muscle en contraction situé directement en dessous. Par exemple, le muscle du front est un muscle vertical, et lorsqu’il se contracte (comme, par exemple, lorsque vous levez les sourcils), les rides qui apparaissent seront horizontales. De même, les deux muscles responsables des rides du lion sont positionnés légèrement à l’horizontale entre les sourcils, de sorte que lorsqu’ils se contractent, les rides du lion sont verticales. La toxine botulique est injectée dans les muscles, où il bloque la contraction musculaire. L’activité du muscle à l’origine des rides est réduite, ce qui donne un aspect plus lisse. Sans un muscle qui se contracte en dessous, la peau a du mal à se rider.
Quelles sont les contre-indications de la toxine botulique ?
La toxine botulique n’est autorisée pour un usage cosmétique que chez les adultes. Mais il est important de savoir ses contre-indications :
Si vous êtes allergique à l’un des composants de la toxine
Si vous présentez une infection cutanée ou une autre affection au niveau de la zone d’injection
Si vous êtes atteint de Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA ou maladie de Charcot), de myasthénie grave, du syndrome de Lambert-Eaton ou d’une autre maladie affectant vos muscles ou vos nerfs
Si vous avez des problèmes respiratoires tels que l’asthme
Si vous avez des difficultés pour avaler
Si vous avez des problèmes de saignements
Si vous prévoyez de subir une intervention chirurgicale
Si vous présentez une faiblesse au niveau des muscles du front
Si vous prenez ou avez pris récemment certains médicaments, vitamines ou suppléments (voir ci-dessous)
La toxine botulique n’est pas censée se déplacer suffisamment dans le corps pour affecter un fœtus ou un nourrisson. Toutefois, pour des raisons éthiques, aucune étude clinique n’a été réalisée sur des femmes enceintes ou des jeunes mères, de sorte que personne ne peut en être sûr. Par conséquent, il est conseillé de ne pas se faire administrer d’injections de toxine si vous envisagez ou essayez de débuter une grossesse, si vous êtes enceinte, si vous envisagez d’allaiter ou si vous allaitez actuellement. Il vaut mieux ne pas prendre de risques, et vous pourrez toujours avoir recours aux injections plus tard.
Les effets indésirables de la toxine botulique
Les effets indésirables potentiels sont les suivants : douleurs au point d’injection, infection, inflammation, gonflement, rougeur, saignement et ecchymose. Certains de ces symptômes peuvent évoquer une réaction allergique ; d’autres symptômes d’allergie sont des démangeaisons, une respiration sifflante, de l’asthme, une éruption cutanée, des zébrures rouges, des vertiges et des pertes de connaissance. Prévenez immédiatement votre médecin si vous avez des problèmes respiratoires ou si vous vous sentez faible ou étourdi. Il a également été rapporté sécheresse de la bouche, fatigue, maux de tête et douleurs cervicales. Vous avez peut-être entendu parler d’autres effets indésirables, tels qu’engourdissement, paupières tombantes, contractions ou spasmes musculaires et migration de la substance. Un engourdissement en tant qu’absence de sensation physique ne constitue pas vraiment un problème avec le Botox, car ce n’est pas un anesthésique. Un engourdissement résultant de l’incapacité de bouger un muscle constitue un problème pour certaines personnes. Des spasmes musculaires dans la zone des injections de Botox ne surviennent pas tant que la toxine est efficace. Après tout, la toxine est utilisée pour traiter les spasmes liés au blépharospasme essentiel bénin, au spasme hémifacial, à la paralysie cérébrale, à la fibromyalgie et au trouble de l’articulation temporo-mandibulaire. Il est possible que la toxine se répande un peu au-delà du site d’injection prévu et qu’il affecte les tissus environnants. Par exemple, si vous recevez des injections dans le front près des sourcils ou des paupières supérieures, celles-ci peuvent être affectées et s’affaisser temporairement. Les meilleurs praticiens connaissent les sites d’injection appropriés pour éviter les effets indésirables tels que les paupières tombantes. Une faible dose de toxine, très concentrée, a moins de chances de se propager à partir du site d’injection qu’une grande dose diluée. Cela souligne l’importance de trouver un praticien qui dispose d’une longue expérience en matière d’injections de toxine. De même, si vous avez des questions sur vos traitements par la toxine, votre médecin est la personne qui connaît le mieux les spécificités de votre traitement pour évaluer de manière optimale toute réaction ou inquiétude que vous pourriez avoir.
Comment éviter les effets indésirables de la toxine botulique
La liste des éventuels effets indésirables mentionnés dans cet article est longue, mais il serait extrêmement rare qu’une personne les présente tous. Et en suivant ces six conseils, vous minimiserez où vous éviterez la plupart des effets indésirables de la toxine :
Assurez-vous que votre praticien dispose d’une grande expérience des injections de toxine. Une esthéticienne, par exemple, n’est pas une personne appropriée pour administrer de la toxine, car elle ne disposerait pas de l’équipement d’urgence ou de connaissances médicales suffisantes en cas de problème. Certaines personnes peu scrupuleuses auraient administré des injections trop ou pas assez diluées avec du sérum physiologique, ainsi que de fausses solutions qui ne contenaient pas du tout de toxine.
Avant de recevoir des injections, informez votre praticien de tout problème de santé dont vous souffrez.
Indiquez à votre praticien quels sont les médicaments, vitamines, préparations à base de plantes ou autres compléments que vous prenez, car certaines associations de ces compléments avec la toxine pourraient entraîner des effets indésirables graves. Il est particulièrement important de mentionner la prise d’antibiotiques injectables, de myorelaxants, de médicaments antiallergiques ou contre le rhume et de médicaments pour le sommeil.
Suivez très scrupuleusement les instructions de votre praticien avant et après l’injection.
Signalez tous les effets indésirables, en particulier ceux qui vous gênent ou qui ne disparaissent pas.
Si vous avez encore des questions sur les injections de toxine, adressez-vous en priorité à votre médecin.
Page publiée en jeudi 29 février 2024
Page mise à jour en mardi 5 mars 2024